Être développeur autodidacte en France

10 avril 2020

« Profil atypique » et « autodidacte ». Voilà qui brille dans nos cœurs mais qui pourtant, est toujours bien loin d’être reconnu à sa juste valeur en France. Lumière sur la reconnaissance des développeurs autodidactes en France et sur les difficultés rencontrées sur leur route.

Comment devenir développeur autodidacte ?

On ne pourra pas dire le contraire, à l’heure actuelle, se former rapidement au développement web est à la portée de tous les profils débrouillards ayant une pensée logique. Si l’on pense automatiquement à OpenClassrooms pour les adeptes du e-learning, on ne peut pas non plus s’empêcher de penser à la 3W Academy ou au célèbre Wagon, qui offre un parcours de formation sur 9 semaines et à qui nous avons eu l’occasion de rendre visite à Marseille pour une immersion complète. Impossible de le nier, il est aujourd’hui possible d’apprendre la programmation web en peu de temps, y compris en bidouillant seul à partir de tutoriels et de codes source partagés sur Github en zappant totalement le processus de formation classique.

Cela signifie-t-il pour autant que l’on peut devenir développeur web professionnel facilement sans passer par la case école ? On le peut sans le moindre doute, mais « facilement », c’est une autre affaire.

Pourquoi est-il difficile de passer professionnel en étant autodidacte ?

Tout d’abord, parce qu’apprendre seul reste plus fastidieux qu’apprendre en étant guidé sur le long terme, et ce dans tous les domaines. Et ceci pour la simple et bonne raison qu’au tout départ, nous n’en savons pas suffisamment pour savoir comment nous former efficacement : que dois-je apprendre en tout premier ? Quelles sont les étapes clés de mon apprentissage ? Ai-je sauté une étape ?
Autant de questions auxquelles nous devons répondre seul, ce qui implique un apprentissage plus fastidieux qu’à l’école. Le code est un apprentissage particulièrement complexe et l’autodidaxie peut s’avérer douloureuse pour certains. Le début est donc le plus difficile : une fois les bases acquises, chacun parvient à déterminer les points à creuser et sur lesquels il sera nécessaire de se former petit à petit. L’avantage ici est l’incroyable solidarité entre développeurs expérimentés et débutants et l’entraide formidable que l’on peut observer sur les forums.

Mais il n’en n’est pas moins difficile de se sentir opérationnel et prêt à travailler pour quelqun d’autre quand on a pris l’habitude de s’organiser à sa façon et d’être toujours seul sur ses projets. Travailler en mode projet avec une équipe exige une rigueur et une organisation très différente que lorsqu’on travaille sur ses projets personnels. L’IDE est parfois imposé pour pouvoir ajouter des commentaires d’équipe, les délais sont plus courts, l’organisation est globalement contrainte et certains peuvent mal le vivre.

Et surtout... QUID de la position des entreprises face aux profils autodidactes ?

Le mot « autodidacte » : des réactions à double tranchant

En France, l’autodidaxie polarise le monde professionnel. Il y a deux ans, cette enquête de Stack Overflow révélait une contradiction intéressante : « Tous âges confondus, 58,47 % des développeurs [...­] se présentent comme des « autodidactes » n’ayant pas suivi de formation officielle en programmation. Pourtant, ils sont presque aussi nombreux (56,54 %) à disposer d’un master en sciences informatiques… ».

Etre autodidacte, finalement, c’est être cool, savoir chercher l’information soi-même, et n’avoir besoin de personne pour apprendre – en clair, être une rock star du code. C’est du moins le point de vue des développeurs – et dans une certaine mesure, celui des start-ups, qui cultivent également cet esprit. Mais cela l’est beaucoup moins pour les grandes entreprises...

Car finalement, rares sont celles qui recherchent des développeurs ayant moins d’un bac +5 en programmation. La France est encore très attachée à ses diplômes, si bien que dans le domaine du recrutement, embaucher un autodidacte est toujours encouragé... mais chez les autres. On salue ces initiatives, mais très peu osent réellement les imiter, un peu comme lorsqu’il est question d’aborder le sujet du télétravail. Et trop de recruteurs partent encore du principe qu’un développeur ayant tout appris tout seul n’est pas un « bon » développeur.

L’école 42, l’autodidaxie estampillée

Pourtant, malgré ces a priori, l’école 42 de Xavier Niel (école sans professeur prônant une pédagogie reposant à 100% sur l’autodidaxie et le peer-review) fait la quasi-unanimité auprès des recruteurs, qui saluent une approche nouvelle de l’apprentissage du code. Finalement, ce qui semble poser ici problème n’est pas tant la méthode que le cadre d’apprentissage. Comme si apprendre seul était profitable, à condition d’être dans une structure (que dis-je, une « piscine ») pour rester dans les clous, et surtout avoir absolument la caution d’un organisme réputé pour avoir une ligne reconnaissable sur son CV.

Faire confiance à l’inconnu, autrement dit à la débrouillardise et au bon sens individuel d’une personne est pour l’instant l’apanage des structures jeunes et innovantes, mais relève d’une douce chimère au sein des grands groupes. Finalement, l’analogie avec le télétravail fait d’autant plus écho au problème central qu’a l’entreprise française : le manque de confiance en ses travailleurs. Un manque de confiance qui se traduit inévitablement par de fortes résistances aux changements et un attachement aux traditions, qui ont le mérite d’être toujours très rassurantes en posant un cadre strict bien défini.

Conclusion

Aujourd’hui, un développeur autodidacte peut tout à fait exercer en tant que professionnel en gagnant très bien sa vie, mais le chemin n’est pas sans difficulté, contrairement aux idées reçues selon lesquelles tout développeur web/mobile/logiciel roule sur l’or. La plupart d’entre eux commenceront soit à travailler en CDI dans une start-up, soit à enchaîner des missions en tant qu’indépendant pour se créer progressivement un portfolio et monter en compétences. Le TJM d’un développeur autodidacte sera cependant, dans l’immense majorité des cas, plus bas que celui d’un développeur issu d’une grande école reconnue, quel que soit son niveau réel.

L'auteur Julien Broue

Co-Founder

Julien Broue
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